Aujourd’hui nous allons nous intéresser au label COSMOS, que l’on trouve depuis janvier 2017 sur plus de 45 000 produits bio issues de 2000 marques différentes dans une cinquantaine de pays. Quel est donc ce label, sa philosophie, ses garanties? Qu’advient-il de Ecocert et Cosmébio? Enquête!
Qu’est-ce que COSMOS?
Cosmos est le nouveau standard des cosmétiques bio qui harmonise les différents référentiels coexistant jusqu’alors. Cosmos = COSMetic Organic Standard. Il a été fondé par nos bien connus Cosmébio et Ecocert, ainsi que leurs homologues ICEA (Italie), Soil Association (Grande Bretagne) et BDIH (Allemagne). L’idée est double : définir les exigence minimales en termes de qualité pour les cosmétiques naturels et biologiques, et harmoniser les règles de certification de ces produits.Et comme l’union fait la force, la défense de la filière des cosmétiques bio auprès des institutions d’état sont aussi en perspective.
Ce standard est désormais norme ISO 17065* et est encore plus exigeant qu’avant :
- La teneur en ingrédients bio doit être de 20% minimum (contre 10% avant). Si vous pensez que c’est encore trop peu, rappelez-vous que l’eau contenue dans les produits n’est pas certifiable : elle est donc exclue des calculs. 20%, c’est donc bien 🙂
- Dorénavant, seuls les ingrédients biodégradables sont acceptés
Et toujours :
- 95 à 100 % d’ingrédients naturels
- 95 à 100 % d’ingrédients bio (sur le total des ingrédients végétaux
- un maximum de 5 % “d’autres ingrédients” approuvés dans une liste positive
Ce nouveau standard va donc encore améliorer la qualité des produits de beauté bio, et c’est une bonne nouvelle. A titre d’exemple, on peut noter l’obligation d’utiliser de l’huile de palme (et ses dérivés) issue de sources d’approvisionnement durables. Le but est d’enrayer la déforestation galopante qui accompagne malheureusement la culture du palmier et qui détruit l’habitat de nombreux primates. Cette belle obligation entrera en vigueur au 1er janvier 2019 pour tout nouveau produit cherchant à se faire certifier. Et cela va plus loin : les produits accrédités avant cette obligation devront s’aligner pour le 1er janvier 2020 au plus tard.
Un autre exemple qui montre que ce référentiel commun est vivant et évolutif : l’utilisation de certains filtres UV minéraux viennent d’être autorisés dans les crèmes solaires bio, alors qu’elle était bannie jusqu’alors. Ainsi, les formulations contenant du dioxyde de titane et de l’oxyde de zinc viennent d’être autorisées. Cela tient compte à la fois du principe de précaution et la protection des utilisateurs.
* ISO 17065.2012 : “Conformity assessment – Requirements for bodies certifying products, process and services”. Il s’agit des exigences portant sur les compétences, la cohérence des activités et l’impartialité des organismes de certification de produits, processus et services.
Quel est le cahier des charges pour les ingrédients autorisés?
- L’eau : elle doit être conforme aux normes d’hygiène édictées
- Les minéraux et ingrédients d’origine minérale : ils doivent être d’origine naturelle et on doit pouvoir les modifier avec des réactions chimiques de base
- Les agro-ingrédients traités physiquement : ce sont les ingrédients issus de l’agriculture (au sens large) et qui ont subi un traitement physique (c’est à dire non chimique). Ils peuvent être d’origine végétale, animale ou microbienne (par exemple le pollen, les bonnes bactéries…). Ils doivent être exempts d’OGM et ne pas concerner d’espèces en danger critique.
- Les agro-ingrédients traités chimiquement : les traitements chimiques doivent respecter les principes de la Chimie Verte, c’est à dire être le moins polluants possible. Ainsi, on considère qu’il faut réduire la production de déchets en amont plutôt que de les assainir ou transformer a posteriori, c’est logique! De plus, les ingrédients qui sont produits par cette chimie doivent se conformer à des limites strictes de toxicité et de biodégradabilité.
- Autres ingrédients : la liste des conservateurs et autres ingrédients autorisés est réduite au minimum.
Il est à noter que la certification cosmos existe pour les produits biologiques : “cosmos organic” et pour les produits naturels : “cosmos natural”.
Quelles sont les exigences en termes d’étiquetage des produits?
Là aussi, la liste est longue. L’idée qui générale qui domine, c’est la valorisation du label et la transparence vis a vis du consommateur. Je vous cite un petit extrait du “Labelling guide” cosmos pour vous donner une idée. “L’étiquetage doit fournir une description claire et précise du produit. Les informations commerciales et la dénomination du produit doivent fournir une description conforme du produit de façon à ne pas tromper le consommateur. Par exemple, si un produit est étiqueté « baume pour les pieds à la menthe bio », il doit effectivement contenir de la menthe bio (…). Si le produit ne contient pas de menthe bio, alors il devra par exemple, être étiqueté en tant que «baume pour les pieds bio à la menthe»
On voit bien ici la volonté de transparence puisqu’on différencie un baume bio qui contient de la menthe non bio, et un baume bio qui contient de la menthe bio 🙂
Petite note sur les tests sur animaux : le standard Cosmos bio garantit que les ingrédients et les cosmétiques finis ne sont pas testés sur les animaux (sauf exigence réglementaire). Cela est vrai pour l’Union Européenne mais ailleurs, ce n’est pas forcément garanti, donc.
Le lien entre COSMOS et le label Cosmébio
Mais alors, Cosmébio disparaît?
Non, heureusement!
Simplement, depuis janvier 2017, un cosmétique labellisé Cosmébio est certifié non plus seulement par le Bureau Veritas ou Ecocert ou Cosmecert (uniquement français), mais selon le référentiel commun européen de certification COSMOS.
L’enchaînement est le suivant :
- Les labels comme Cosmébio édictent le cahier des charges à respecter pour apposer leur sésame : c’est le référentiel COSMOS
- Les organismes certificateurs examinent les produits pour voir s’ils sont conformes au cahier des charges. Pour la France, ces organismes sont le Bureau Véritas, Ecocert Greenlife et Cosmecert.
- Quand les organismes certificateurs donnent leur feu vert, les labels comme Cosmébio délivrent leur précieux sésame aux produits candidats
Zoom sur l’association Cosmébio
Pour rappel, Cosmébio est le nom de l’association qui a fondé le label du même nom. C’est la toute première association mondiale qui se soit spécialisée dans les cosmétiques naturels et biologiques. Cela s’est passé il y a longtemps, en 2002, alors qu’il n’y avait pas encore de réglementation dans le domaine. Le “marketing vert” commençait alors à sévir, avec des emballages et des allégations qui évoquaient à tort le caractère naturel de certains produits. C’est donc une volonté de transparence et d’éthique qui est à l’origine du label et de la fameuse charte Cosmébio.
Cette dernière prône “une cosmétique respectueuse de l’homme et de l’environnement, utilisant des ingrédients d’origine naturelle et principalement issus de l’agriculture biologique, ainsi que des procédés de fabrication propres”
Les 3 engagements de la charte Cosmébio ont toujours été forts, et ils le restent :
- Engagement technique : les produits labellisés sont certifiés, les ingrédients sont d’origine naturelle, ils sont fabriqués de façon non polluante, avec des emballages recyclables, et obéissent à une démarche d’amélioration continue.
- Engagement éthique : au delà d’une simple certification de produits, on parle ici de commerce équitable, de responsabilité sociale et environnementale, et de respect de biodiversité et de l’environnement. L’association Cosmébio incarne déjà cet esprit car elle est basée dans un bâtiment Haute Qualité Environnementale (HQE) niché à Valence, dans la Drôme 🙂
- Engagement marketing : les marques s’engagent à communiquer avec les consommateurs de façon transparente et claire
L’ensemble de ces engagements ressort dans le catalogue de formation de Cosmébio. Car oui, il s’agit également d’un organisme de formation agrée par le gouvernement. Les entreprises sont ainsi sensibilisée à la démarche mais aussi formées concrètement : utilisation des huiles essentielles, réglementation, tests d’efficacité…
Conclusion
Ces histoires de labels et de certification sont un peu compliquées, mais heureusement qu’ils existent! Le bio est tellement précieux qu’il faut le défendre, le valoriser et l’organiser. Cela permet d’avancer en transparence et de renforcer la filière, même si elle se porte déjà bien.